La Fontaine ne racontait pas que des fables…
Shraga Blum
lundi 13 novembre 2006 - 15:08
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Je n’en croyais pas mes oreilles, hier matin dans ma voiture, lorsque
j’écoutais le flot d’informations concernant le voyage du
Premier-ministre Ehoud Olmert aux Etats-Unis.
Ehoud Olmert - qui déjà la veille avait promis de « bonnes surprises »
à Abou Mazen au cas où ce dernier acceptait de le rencontrer – s’est
envolé vers Washington avec dans sa hotte un programme prévoyant
notamment l’évacuation de 90% de la Judée-Samarie.
Sur les mêmes ondes, d’éminents « spécialistes » expliquaient
pourquoi la période actuelle est propice pour une initiative en direction
de la Syrie (qui l’attend selon eux avec impatience) afin d’entamer
des pourparlers de paix, qui passeront bien sûr – on n’a pas le choix
- par l’évacuation du plateau du Golan !!
Et là, je me suis dit : « Comment un peuple qui produit autant de prix
Nobel est capable en même temps d’avoir des dirigeants aussi incapables
de lire ce qui se passe autour de nous dans le monde, et surtout de ne pas
tirer les leçons du passé récent ? »
Rappelons-nous comment avait commencé le sinistre processus d’Oslo : la
victoire des USA sur l’Irak et le soutien d’Arafat à Saddam Hussein
avaient « ouvert de nouvelles perspectives » pour le Moyen-Orient.
La faiblesse du leader palestinien et la chute de son étoile dans le
monde occidental aurait du nous permettre de nous en débarrasser
définitivement. Or, paradoxalement, les pressions du gouvernement Bush
– Baker furent à l’origine de la Conférence de Madrid. Seule la
fermeté jamais égalée d’un Itsh’ak Shamir avait évité que cette
conférence ne se transforme en défaite diplomatique israélienne.
L’élection d’Itsh’ak Rabin furent la genèse de négociations
secrètes qui aboutirent aux tristement célèbres accords d’Oslo.
Inutile de repréciser ici les dégâts causés par ces accords «
belligènes » selon l’expression de Frédéric Encel, sur le plan
militaire, politique, diplomatique, économique, moral, sans parler du
nombre de victimes juives qui payèrent le prix de cette illusion d’un
« Moyen-Orient nouveau » durant la décennie qui s’en suivit.
« La paix est fort bonne de soi, J’en conviens, mais de quoi sert elle
avec des ennemis sans foi ? », disait La Fontaine en conclusion à sa
fable « Le Loup et les Brebis ». Le fait qu’il ait écrit en français
n’exonère pas nos dirigeants depuis des décennies de ne pas comprendre
ce principe élémentaire de stratégie politique.
Ce qui est encore plus grave, est que le scénario qui semble se dessiner
en ce moment, est écrit selon les mêmes principes. Les dernières
élections aux Etats-Unis ont considérablement affaibli le Président
américain, initiateur de la Feuille de Route.
Le Président Syrien Bachar El Assad s’est résolument ancré dans
l’axe du Mal par son soutien ouvert au Hezbollah, et il s’est isolé
diplomatiquement suite à son rôle joué dans l’assassinat de Rafik
Hariri.
La dernière guerre du Liban a définitivement montré l’inanité de la
retenue et des concessions incessantes.
Le Hamas est au pouvoir dans les « territoires palestiniens », propulsé
par son aura suite à l’évacuation israélienne de Gaza. Rien qu’hier
encore, son Ministre des Affaires étrangères Al-Zahar a rappelé que
malgré toutes les concessions israéliennes éventuelles, le Hamas ne
reconnaîtra jamais Israël - même pas dans ses frontières d’avant
juin 1967 - et que le but du Hamas est et restera la disparition
d’Israël, cancer du Moyen-Orient.
Et c’est dans ce contexte que nos dirigeants ne trouvent rien de mieux
que de remettre en selle le plan de « repli » de la « Hitkansout » que
l’on pensait enterré suit au fiasco libanais, et qu’il est question
d’insister auprès de Bachar El Assad pour qu’il veuille bien
s’asseoir avec nous autour d’une tasse de café, afin de discuter des
modalités d’une « restitution » du Golan. On croit cauchemarder !
Mais non, c’est bien vrai. Et ce sont des personnes censées œuvrer
pour le bien du pays qui le proposent!
L’un des plus grands théoriciens de la guerre, le chinois Sun Tse
disait : « N’oubliez jamais que votre dessein, en faisant la guerre,
doit être de produire la paix à l’Etat, et non d’y apporter sa
désolation ».
Il y a des Etats qui, pour obtenir la paix, ont du faire la guerre.
C’est la triste réalité humaine.
Mais il y en a d’autres, qui à force de vouloir faire la paix à tous
prix, n’ont obtenu en retour que la guerre, la souffrance et la
déconsidération..
Suivez mon regard….